Thierry et son fils Julien

Autisme adulte : La prise en charge dans le passage de l’adolescence à l’âge adulte

Julien a 27 ans, il est autiste sévère. Je suis Thierry son papa et je l’accompagne seul dans sa vie, depuis le décès d’Agnès, ma femme, sa maman, il y a maintenant 7 ans.

Julien vit en Belgique depuis qu’il a 15 ans.

En France l’institution qui le prenait en charge ne lui proposait aucun apprentissage. Cet IME, dirigé par un psychiatre et une équipe de psychologues, imposait une méthode psychanalytique à la française : soigner avant tout…

Nous n’étions pas du tout d’accord avec Agnès, sur cette approche, mais il faut bien l’avouer cela nous a permis pendant quelque temps de pouvoir continuer à travailler tous les deux.

A cette époque notre fils était adolescent. La vie à la maison était extrêmement difficile pour toute la famille. Nous n’avions aucun soutien en dehors des horaires de prise en charge et nos deux autres enfants, ses sœurs elles aussi porteuses d’un handicap, le vivaient mal. Julien était ingérable, très violent, il ne dormait plus.
A cette époque, une prise en charge complémentaire à domicile par des intervenants spécialisés aurait grandement soulagé notre quotidien, mais nous n’y avons pas pensé.

L’adolescence chez un autiste est-elle différente de celle d’un enfant neurotypique ?

L’adolescence pour un enfant neurotypique est un moment difficile, où il se cherche. Pour un ado autiste (atypique), le cheminement est certainement le même, mais il ne parvient à exprimer ce qu’il ressent autrement que par une violence extrême difficile à comprendre et à contrôler pour son entourage.

D’un côté donc, nous étions exténués et démunis, de l’autre nous ne voulions pas d’une prise en charge psychanalytique pour notre fils. Nous nous sommes alors rapprochés du CRAIF pour obtenir des adresses d’établissements en France, type internat, pour nous permettre de souffler un peu.

Nous avons identifié un centre situé en Belgique. Il nous a fallu du temps avant de les contacter, car nous avions le sentiment d’abandonner Julien.
Nous avons finalement franchi le pas et il a été accepté à condition qu’il soit scolarisé dans une école en Belgique jusqu’à l’âge de 21 ans. L’école en question utilisait les méthode PECS et TEACCH, ce qui nous a rassuré sur de possibles apprentissages.

Après ses 21 ans, il a eu la chance d’intégrer un nouveau centre en Belgique.

Julien y a gagné en autonomie. Aujourd’hui, il s’habille et se déshabille tout seul, n’a pas besoin d’aide pour manger et comprend un certain nombre de consignes plus ou moins complexes…. J’ai des nouvelles toutes les semaines par téléphone et il rentre une fois tous les 2 mois pour le week-end.

Et si vous me demandez quelles sont les prises en charge pour les autistes adultes ?

Je conseille à tous les parents d’anticiper le passage à l’âge adulte de leur enfant en recherchant le plus tôt possible l’établissement qui pourra l’accueillir pour le reste de sa vie. On sait malheureusement qu’en France le nombre d’établissements pour adultes est très réduit et sectorisé.

La Belgique est une réelle alternative à envisager. Les solutions y sont plus nombreuses et la France finance une partie des prises en charge par le biais de la sécurité sociale ou des régions.

Surtout, déculpabilisez, vous n’abandonnez pas votre enfant, vous lui donnez la chance de trouver un lieu de vie adapté à son handicap.